Timothée Vincent

Tranche d’âge: 26-35

Lieu de résidence: Lausanne

Profession: ingénieur

Enfants: 2 enfants (2 ans et 4 ans)

Moyens de transport utilisés: marche, vélo, bus, train, voitures de location

Hobbys: montagne, jeux avec les enfants, plage, apéros

«Nous avons choisi de vivre dans un endroit calme mais en ville pour ne pas avoir besoin de voiture. C'est une vie simple avec peu de tracas car nous avons beaucoup de solutions de mobilité à portée de main.»

Pourquoi et depuis quand vivez-vous sans voiture privée? Depuis que je suis arrivé à Lausanne pour les études, il y a 10 ans. Au début j'avais une voiture prêtée par mes parents puis j'aurais dû l'immatriculer en Suisse au bout d'un an. Je ne l'ai pas fait et je l’ai rendue à mes parents. Depuis, je n'en ai jamais eu besoin au quotidien, car j'habite dans Lausanne. Même avec nos deux enfants, en nous organisant, nous pouvons nous passer de voiture. Cela ne nous donne pas du tout envie car c'est beaucoup de temps perdu (entretien, pannes, amendes, bouchons, recherche d'une place) et d'argent (assurance, essence, amortissement, place de parc).

 Quels sont les avantages de vivre sans voiture privée? La simplicité! Pas de temps perdu, pas d'argent dépensé par une dépendance qui s'installe très vite. On est libre de choisir toutes les solutions de mobilité sans préjugé, alors que quand on paie pour une voiture et qu'elle est si facilement disponible, on l'utilise tout le temps.
Et si on veut prendre une voiture pour des vacances ou un week-end, c'est très facile d'en louer une, qui est d'ailleurs toujours au top.

Comment ce choix se concrétise-t-il dans la vie de tous les jours? Nous avons un super système! Nous avons été intransigeants quant à la qualité de notre solution alternative.
Nous avons chacun un vélo équipé de deux sièges pour enfant (un devant et un derrière) + des lumières avec dynamo dans la moyeu + des freins hydrauliques + la possibilité de rajouter deux sacoches pour les courses (en plus des petites) + des vêtements de pluie disponibles en permanence sur le vélo + un cadenas "rapide" intégré au cadre, qui permet de vite bloquer le vélo pour les petites pauses. Tout est toujours prêt! Pas besoin d'anticiper trop les choses. Peu d'entretien à faire.
Depuis que nous avons déménagé, nous avons acheté des vélos électriques.

 Vous arrive-t-il d’utiliser une voiture? Oui, fréquemment, pour les vacances ou pour aller voir la famille, qui habite en France et où la desserte en transports publics laisse à désirer.

Quels sont vos conseils pour aider les personnes à vivre sans voiture privée? Tester, se faire conseiller et être exigeant.
Il faut tester la marche ou le vélo pendant les beaux jours. Les habitudes se prennent vite autour d'un nouveau mode, mais il faut tester pendant 1 ou 2 mois minimum.
Il faut essayer de résoudre toute petite gêne qu'il y aurait avec la solution alternative à la voiture, se faire conseiller ou bricoler pour atteindre quelque chose de top!
Une voiture, c'est quelque chose qui est hyper-étudié. Pour les solutions alternatives, il faut être ingénieux soi-même/collectivement pour trouver les bonnes combines.

Quelles améliorations pourraient être faites pour faciliter et favoriser la vie sans voiture privée?

  • Etape 1 : mettre tous les modes de transport sur un pied d'égalité.
    Il y a un lobby du vélo pour compenser celui de la voiture, mais il manque un lobby réel de la marche.
    Si l’autoroute est le réseau haut de gamme pour la voiture, il manque un réseau haut de gamme pour le vélo (les autoroutes à vélo, voies vertes) et pour les piétons (des rues piétonnes) qui soient continus, bien entretenus, etc.
    Supprimer les allègements d'impôts pour les automobilistes qui font de longs trajets. Ils polluent et consomment les infrastructures, en plus de perdre leur temps. Ce n'est pas équitable par rapport aux autres modes de transport.
  • Etape 2 : arrêter de penser en distances mais penser en déplacements, voire en étapes.
    Dans les micro-recensements, certaines parts modales sont indiquées en pourcentage des distances parcourues. Cela montre une part importante de la voiture mais c'est biaisé.
    Si l’on regarde les parts modales en pourcentage des déplacements, en ville, c'est la marche qui est majoritaire. Il faut la reconnaître comme le vrai fluide vital de la mobilité, et mieux la protéger. On devrait valoriser un raccourcissement des distances plutôt qu'être désolé pour ceux qui font de longues distances et leur faciliter la vie. Ils doivent accepter de changer de mode de vie, déménager, changer de travail, se frotter à un autre canton etc.
  • Etape 3 : tenir compte des vraies externalités et faire payer le vrai prix.
    La voiture est un système qui coûte très cher en infrastructures mais aussi pour la santé.
    La mobilité douce rapporte de l'argent à la société car elle est bonne pour la santé et ralentit l'arrivée de la sénilité chez les personnes âgées. Avec le vieillissement de la population, ce sera encore plus vrai.
    Il faudrait donc subventionner les modes doux plus largement : pour faire entretenir son vélo, subventionner les ateliers d'auto-réparation et les commerçants, favoriser l'achat de tous les petits accessoires qui rendent la vie plus facile à vélo (sacoches, lumières etc.) et qui coûtent cher si on veut de la qualité. Ou encore : pour améliorer les infrastructures, pour diminuer les impôts des piétons qui travaillent tout proche de chez eux.
  • Etape 4 : obliger les politiques à penser à la génération suivante pour faire prendre les décisions par les plus jeunes. En effet, en termes de mobilité, on constate des cohortes. Les gens gardent grosso modo leurs habitudes, malheureusement.
    Mais lorsqu'on conçoit la ville en 2020, on sait que les projets ne seront réalisés qu'en 2030-40 au mieux. Il faut donc penser aux habitudes de mobilité des ados de 20 ans en 2020, qui auront 30-40 ans en 2030-40. Or on sait que les jeunes n'ont pas du tout la même relation à la voiture que leurs parents au même âge. Il ne faut pas ralentir cette transition en pensant aux usagers actuels qui seront morts lorsque les projets sortiront de terre.
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